
“Arrêtez d’embaucher des humains.”
Difficile de faire plus provocateur comme slogan.
Lancée par une startup de San Francisco vendant des commerciaux virtuels, cette accroche a déclenché une tempête. Réactions outrées, partages en cascade, débats passionnés—en quelques jours, la campagne est devenue virale, transformant une pub locale en sujet de conversation mondial. Coup de maître de cette société qui reconnait avoir boosté sa notoriété et son chiffre d’affaire.
Mais derrière cette provocation se cache peut-être une réalité plus dérangeante : embauchons-nous encore des humains aujourd’hui ? Pour ce qu’ils sont vraiment ? Ou simplement pour ce qu’ils montrent sur papier ? Tout simplement allons-nous vraiment au-delà du papier, c’est-à-dire du CV.
Quand les humains rentrent dans des cases
Le processus de recrutement moderne est devenu une machine bien huilée. CV formaté, mots-clés optimisés en fonction du poste en question, cases cochées dans un ATS (Applicant Tracking System). Souvent c’est bien le candidat qui connait le mieux ces règles s’en sort le mieux.
Le résultat ? Un filtre efficace, mais aussi un cimetière pour des milliers de talents.
Combien de candidats sont éliminés avant même d’avoir pu montrer qui ils sont vraiment ? Combien de carrières prometteuses brisées parce qu’un diplôme manquait ou qu’une expérience n’était pas alignée avec un intitulé de poste ? Comment ne pas réaliser que les demandes du poste vont évoluer et qu’il sera demandé à ce candidat de s’adapter, d’apprendre, d’innover, d’aller au delà de son simple rôle initial.
Nous ne croyons plus au génie enfermé dans une bouteille depuis bien longtemps. Mais pourquoi continuer à croire au génie enfermé dans des cases ?
Les soft skills : la clé pour ouvrir les cases
Et si la solution résidait ailleurs ? Dépasser le CV, Dépasser le diplôme. Voir enfin ce qui nous rend humains.
➡️ Notre capacité à écouter, à comprendre
➡️ Notre aptitude à résoudre des problèmes complexes
➡️ Notre créativité et notre adaptabilité.
Ce sont ces soft skills qui font la différence dans un monde du travail en mutation. Elles permettent de naviguer dans l’incertitude, d’apprendre en continu et de collaborer au-delà des frontières culturelles et technologiques.
Pourtant, elles sont encore souvent reléguées au second plan. Évaluées en toute fin de processus, quand elles devraient être au cœur des premières étapes.
La provocation comme révélateur
Le slogan “Arrêtez d’embaucher des humains” n’est peut-être pas juste une provocation. C’est peut-être un miroir tendu à nos pratiques actuelles.
A partir de quand commençons-nous à voir l’humain derrière un CV, une ‘’application form’’.
Nous savons que nos méthodes de recrutement sont obsolètes.
Nous savons qu’elles privilégient l’efficacité au détriment de l’humain.
Et nous savons aussi qu’il est possible de faire mieux.
Alors pourquoi s’accrocher à des processus qui reproduisent les mêmes erreurs ?
Repenser l’humain dans le recrutement
Ce débat dépasse la technologie.
Il interroge notre relation au travail, notre manière de valoriser les talents et notre capacité à reconnaître l’humain derrière le CV.
Faut-il vraiment opposer humains et machines ? Ou faut-il plutôt apprendre à valoriser ce que les machines ne pourront jamais remplacer ?
Des outils comme fairception (basé sur les soft skills et le potentiel humain) montrent qu’il est possible d’évaluer différemment. D’introduire un prisme humain dès le début du processus.
Ce n’est pas un retour en arrière. C’est une réinvention.
Vers un recrutement post-case
La campagne de cette startup a atteint son objectif : provoquer. Mais elle a surtout mis le doigt sur un malaise profond. Celui d’un monde professionnel qui parle d’humain, mais recrute encore sur des critères figés.
Et si, au lieu de s’indigner, on saisissait cette opportunité pour poser la question essentielle :
Comment embaucher des humains… pour ce qu’ils sont ?
Peut-être qu’en sortant des cases, nous découvrirons que les talents sont déjà là. Il suffit de leur donner la place d’exister.