Au-delà de la collapsologie : vers un futur positif du travail

25 sept. 2024
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Un visionnaire digne de ce nom sait qu’il faut regarder à la fois les scénarios les plus optimistes et les plus sombres pour anticiper les tendances à venir. C’est cette capacité à osciller entre ces extrêmes qui permet d’imaginer, de comprendre et, surtout, de choisir la voie la plus souhaitable ou juste possible.

Après avoir exploré les visions dystopiques du futur du travail, tournons-nous vers un horizon plus radieux, voire utopique.

 

Nous pourrions énumérer les caractéristiques bien connues d’un futur de travail idéal, telles que la flexibilité totale, le télétravail généralisé, les collaborations intergénérationnelles avec ses richesses et challenges, les hiérarchies horizontales des organisations, des décisions décentralisées, et une intégration complète du développement durable… Bref, une liste déjà connue de tous.

Mais au-delà de ce catalogue séduisant, il est essentiel de comprendre quelques tendances de fond qui redéfiniront réellement le monde professionnel. Analysons certaines de ces tendances et voyons comment elles pourraient façonner notre avenir.

 

1. Le vieillissement de la population

 

Le vieillissement de la population mondiale n’est pas seulement un défi pour nos systèmes de retraite et de santé. Ce sera aussi un défi pour beaucoup d’entre nous, mais aussi une chance, si on sait bien l’exploiter, de réinventer notre approche du travail, voire de la société. Que pourrait-il se passer ? :

 

•  Un besoin accru de flexibilité : Les travailleurs devront gérer leur carrière tout en prenant soin de leurs proches âgés. Conséquence ? La demande pour des horaires flexibles et le télétravail explosera, cette fois au nom du soutien intergénérationnel. Les entreprises qui refuseront d’adapter leurs pratiques perdront en attractivité car il ne s’agira pas d’un caprice mais d’un réel besoin du travailleur. Ne pas offrir de flexibilité deviendra un peu comme vendre des CD dans un monde où Spotify règne en maître.

 

•  Le boom des métiers du “care” : Ces métiers liés aux soins et à l’accompagnement des personnes âgées ou dépendantes seront incontournables, car ni les robots, ni l’IA ne remplaceront l’humain dans ces situations. Le paradoxe est qu’actuellement ces job clés qui nécessitent dextérité et empathie peinent à être rémunérés à leur juste valeur.  Ces professions seront revalorisées, tant en salaire qu’en reconnaissance. Et oui, on reparlera du “made by humans” un peu plus loin, vous allez voir !

 

•  La valorisation de l’expérience : Les entreprises commenceront à valoriser les travailleurs plus âgés, non pas parce qu’ils sont proches de la retraite, mais parce qu’ils détiennent des savoir-faire précieux, du recul par rapport aux évènements, un engagement souvent profond, et des capacités à transmettre. La diversité d’âge deviendra une force stratégique, et pas juste une case à cocher dans les politiques RH. Ce sera le grand retour des seniors.

 

2. La révolution de la robotique : un mariage réussi entre humains et machines

 

L’arrivée en force de la robotique et de l’intelligence artificielle marque le début d’une nouvelle ère : celle de la coopération entre humains et machines. On ne parlera plus de peur de la substitution, mais de complémentarité.

 

•  Un prolongement entre humains et machines : Plutôt que de remplacer les travailleurs, les robots prendront en charge les tâches ingrates et répétitives. L’humain pourra alors se concentrer sur ce qu’il fait de mieux : innover, créer, penser, interagir. C’est un peu comme libérer l’artiste en chacun de nous en se libérant du temps.

 

 

•  Production localisée et durable : Grâce à l’impression 3D et bientôt 4D et à la hausse des coûts de main-d’œuvre dans les pays en développement, une partie de nos productions délocalisée sera rapatriée. Et cerise sur le gâteau, cela réduira l’empreinte carbone des entreprises. Le “made in France” ne sera plus un simple label patriotique, mais une nécessité écologique, voire idéologique.

 

•  Que faire de cette productivité accrue ? : La vraie question n’est pas de produire plus, mais de savoir comment utiliser cette productivité supplémentaire. Travailler moins ? Mieux ? Réinvestir dans l’éducation ou la santé ? Surtaxer les machines (oui, pourquoi pas) pour financer l’innovation sociale ? Le vaste champ des possibles s’ouvre ici, et la direction politique donnera le ton. Alors, attention à ne pas gâcher cette occasion.

 

3. Sensibilité environnementale : le travail au service de la planète

 

La prise de conscience environnementale n’est plus optionnelle : elle est une réalité. Et cette sensibilité croissante façonnera profondément le monde professionnel.

 

•  Révolution des modes de transport …et de l’habitat: Le télétravail, encouragé par des considérations écologiques, continuera à réduire les trajets. Mais ce n’est pas tout. On verra émerger des espaces de travail partagés, écologiques et localisés, permettant aux employés de travailler près de chez eux, tout en bénéficiant de conditions optimales. Certaines entreprises réfléchissent déjà à une meilleure intégration de leurs employés qui reviennent pour quelques jours au bureau

 

•  L’essor des circuits courts : Les chaînes d’approvisionnement se raccourciront, que ce soit dans l’alimentation ou l’industrie. Le travail local deviendra la norme, créant des économies résilientes et moins dépendantes des flux mondiaux. Une bonne nouvelle pour la planète, et une occasion pour les entreprises de repenser leurs chaînes de valeur.

 

4. Un monde plus solidaire et humain

 

Même dans un monde technologique, l’humain restera irremplaçable. Les soft skills – ou compétences humaines – prendront une place centrale dans ce nouvel écosystème.

 

•  Les métiers de l’empathie et de l’interaction humaine : L’avenir appartiendra à ceux qui savent bâtir des relations. Les métiers où l’entraide, la collaboration et la communication sont essentielles connaîtront une véritable renaissance. Les métiers du “care”, mais aussi tous les secteurs où l’empathie est clé, gagneront en prestige. La productivité ne sera plus seulement mesurée en unités produites, mais en qualité d’interaction humaine.

 

•  Le leadership redéfini : Fini le temps du manager autoritaire. Le leader de demain devra inspirer et fédérer ses équipes, tout en créant un climat de confiance et de bienveillance. La transition de manager à leader est déjà en marche, et cette transformation deviendra vitale pour les entreprises. Car un leader qui sait comprendre ses équipes et gérer leurs émotions retiendra les talents dans un marché de plus en plus compétitif. Il va également falloir identifier et former ces manager 4.0.

 

•  La quête de sens : Cette nouvelle génération de travailleurs veut aller au-delà de l’emploi “alimentaire”. Elle cherche du sens, des valeurs et un impact positif. Les entreprises qui réussiront à attirer ces talents seront celles qui redéfiniront leur mission, en l’alignant sur des objectifs sociaux et environnementaux clairs. D’ailleurs, les employés choisiront leur entreprise non plus pour le salaire, mais pour sa vision et son alignement avec leurs propres valeurs. Une petite révolution en soi.

 

•  Le “Made by Humans” : une valeur inestimable : Alors que de nouvelles innovations technologiques majeures surgissent régulièrement, une chose est certaine : nous continuerons à préférer les humains. Que ce soit dans les arts, le service client ou les interactions sociales, le facteur humain restera prisé. C’est le cas aujourd’hui alors imaginez demain. Même si c’est premium. Oui, les machines peuvent battre les humains aux échecs, mais les championnats du monde des IA aux échecs n’attireront jamais les foules. Nous préférerons toujours des footballeurs humains, des livres écrits par des auteurs en chair et en os, et des repas servis par des personnes. Le “Made by Humans” deviendra un marqueur de qualité dans un monde numérique. Il sera premium et aura un prix.

 

5. Moins de jobs, mais plus de nouveaux métiers : l’adaptabilité humaine infinie

 

L’adaptabilité est l’une des plus grandes forces de l’humanité. Et chaque révolution technologique a donné naissance à de nouveaux métiers. Il en sera de même dans le futur.

 

•  L’émergence de métiers inédits : Avec l’essor de l’IA et de la robotique, de nouveaux métiers apparaîtront. Des métiers encore inimaginables aujourd’hui. De l’ingénieur en IA à l’expert en réalité augmentée, en passant par des spécialistes de la gestion des énergies renouvelables et des ressources naturelles.

 

•  Des métiers alignés avec les défis sociétaux : Les nouveaux métiers refléteront aussi les évolutions sociétales. Avec l’augmentation de la vie digitale, la gestion de l’identité numérique deviendra une compétence clé. L’éthique de l’IA, la cybersécurité et les questions environnementales seront des secteurs porteurs. La société évolue, et les métiers aussi.

 

•  L’invention perpétuelle de métiers : Les humains continueront à inventer de nouveaux métiers pour répondre aux besoins émergents ou pour embrasser ces nouvelles technologies. Il faudra les essayer, les adapter, les démocratiser, former les gens… Et nous l’avons déjà vu avec les réseaux sociaux, où des métiers comme Community Manager ou créateur de contenu ou prompt manager récemment sont apparus en quelques années. Le prochain grand bouleversement viendra de la fusion entre le digital, l’humain et l’environnement, avec de nouveaux métiers à la clé.

 

Un avenir à construire ensemble

 

Le futur du travail sera humain, flexible et solidaire. Loin des visions dystopiques où les machines prennent le dessus, nous avons l’opportunité de créer un monde où la technologie est un allié et l’humain reste au centre des préoccupations. Ce futur, cependant, ne se construira pas tout seul. Il reposera sur notre capacité à accepter ces changements, à redéfinir notre rapport au travail, à la technologie et à l’environnement.

 

Plus que jamais, l’agilité, l’innovation et l’adaptabilité deviendront les compétences clés pour réussir dans cet avenir incertain mais plein de promesses. Nous entrons dans une nouvelle ère, où ceux qui sauront combiner technologie et humanité seront les véritables architectes d’un monde du travail où chacun pourra s’épanouir.

 

D’ailleurs ces mêmes compétences sont celles qui ressortent des vision dystopiques du monde du travail. Et si c’était donc vrai ?

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