Culture fit : le vrai piège du recrutement

09 sept. 2025
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le mythe bien pratique de la culture fit

La bonne excuse qui rassure

On connaît la chanson. Le candidat était brillant mais “pas culture fit”. Ça veut dire quoi ? Qu’il ne rit pas aux mêmes blagues ? Qu’il n’a pas la même garde-robe ? Qu’il ne cite pas les mêmes auteurs de podcasts de start-up ? Derrière cette expression chic, il y a une vieille habitude : recruter des gens qui nous ressemblent.

Et ça, c’est rassurant. Mais c’est aussi la meilleure recette pour finir avec une armée de clones qui pensent tous pareil.

 

Quand l’entre-soi devient un filtre

On aime dire que la culture fit protège la cohésion. En réalité, elle protège surtout l’entre-soi. Ceux qui “collent à l’ambiance”. Même école, même références, mêmes blagues ... Tout ce qui sort du cadre dérange. Et plutôt que d’assumer ce biais, on le maquille en jargon RH.

Résultat ? Les profils atypiques, ceux qui ont vu autre chose, qui pensent autrement, passent à la trappe. Et les entreprises qui se plaignent de manquer d’idées nouvelles ne comprennent pas pourquoi.

Regardez l’histoire récente : aucune grande rupture n’est née d’une équipe homogène. Les innovations qui changent la donne viennent toujours de personnes qui ne “fittaient” pas vraiment. Le collègue qui pose les questions bizarres. L’ingénieure qui sort d’un parcours imprévisible. Le commercial qui casse les codes.

Le contrepoint : trop de chaos tue le chaos

Bien sûr, ouvrir grand les portes à toutes les dissonances n’est pas viable. Une équipe, ce n’est pas un ring de catch. Sans quelques valeurs socles (respect, honnêteté, esprit de coopération), ça tourne vite à la foire d’empoigne.

Mais ne mélangeons pas l’essentiel et le superficiel. Les valeurs profondes ne sont pas menacées par un look différent, une autre manière de réfléchir ou une expérience de vie qui sort du lot. Ce qui est menacé, c’est juste le confort de ceux qui avaient l’habitude de régner.

La culture ou la décoration ?

Le vrai problème, c’est qu’on confond culture et déco. La culture d’entreprise, ce n’est pas les afterworks du jeudi ni le dress code “casual chic”. C’est la manière dont on prend des décisions, dont on traite l’échec, dont on accueille la contradiction. Tout le reste, c’est de la tapisserie.

Trop d’entreprises brandissent leur “culture” comme un logo cool ou un moodboard Pinterest. Et derrière, ça sert de prétexte pour écarter ceux qui ne se fondent pas bien dans le décor.

 

Passer du “fit” au “add”

Alors qu’il suffirait de changer de prisme. Au lieu de demander “est-ce que ce candidat rentre dans notre moule ?”, on devrait demander “qu’est-ce qu’il apporte qu’on n’a pas encore ?”. Ce petit grain de sable qui oblige à repenser le système. Ce regard extérieur qui bouscule les certitudes.

C’est ça, la culture add : non pas préserver une ambiance confortable, mais construire une culture vivante, qui s’adapte, qui évolue. Les entreprises qui ont compris ça ne cherchent plus des clones, mais des catalyseurs.

 

Soyons inconfortables

Le confort est l’ennemi du futur. Une culture qui ne se transforme pas s’éteint. Les boîtes qui veulent durer doivent arrêter de chercher des gens “qui s’intègrent bien”. Elles doivent chercher ceux qui transforment. Ceux qui dérangent un peu, qui forcent à se remettre en question.

C’est moins confortable, mais c’est exactement ce qui sauve une organisation.

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