Et vous l'auriez vous embauché ?

04 juin 2024
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Une mention apparemment banale, juste une ligne sur un CV souvent classée par les recruteurs comme un “Loisir”. Pourtant, elle recèle tellement plus… Apprenons à reconnaître les talents cachés autour de nous.

Récemment, un recruteur confiait être perplexe face à un profil issu d’une école de commerce bien moins renommée que d’autres candidats, mais qui dégageait une certaine énergie, voire un certain charisme. La conversation révélait que le candidat était un bon joueur de tennis, classé à deux échelons du Top 100 français selon son CV. Pour lui, cela semblait insignifiant car mentionné somme toute relativement discrètement à côté de quelques palmarès honorables. Après tout, beaucoup de “jeunes” sont bons en sport, pourquoi y prêter plus d’attention que cela ?

 

La révélation des soft skills

Lisons entre les lignes. Ce classement de tennis indique que le candidat a développé une panoplie de soft skills remarquables pendant sa jeunesse et son adolescence, le rendant unique : rigueur, autonomie, persévérance, gestion de la frustration et du changement, résilience, adaptabilité, soif d’apprendre, attention aux détails, et un peu de créativité. Probablement un sens de l’organisation remarquable aussi, pour combiner études et sport, gérer les tournois et rattraper ses cours en classe, l’aspect académique ajoutant un stress supplémentaire au quotidien sportif. Ces compétences, certifiées par son parcours sportif, font de lui un candidat en or pour de nombreuses entreprises.

Aussi faut-il le remarquer et reconnaître ce sportif qui a pu passer 15-25+ heures par semaine pour s’améliorer et poursuivre un rêve ambitieux, souvent au prix de sacrifices impressionnants, contrairement au joueur de loisir qui s’y dédie que 2 ou 3 heures par semaine.

Cette révélation fut surprenante pour le recruteur, tout comme elle l’a été pour beaucoup d’autres. Ce qui est vrai pour le tennis est vrai pour d’autres sports. Il s’agit bien évidemment de comprendre l’investissement qu’il y a eu derrière toute mention dans le CV.

 

Les préjugés persistants

Malgré l’intérêt croissant pour les soft skills et la volonté de recrutement innovant, les préjugés liés au prestige de l’école persistent. Aux États-Unis, un tel candidat aurait vraisemblablement été considéré comme une perle rare. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les meilleurs jeunes de tous pays rêvent de partir aux États-Unis en étant sponsorisés avec une bourse pour les années universitaires, et représenter leur université dans ce sport dans une ambiance unique. Malheureusement, ailleurs cette approche semble impossible. Ailleurs, ce sacrifice et dépassement de soi sont souvent plus difficilement perçus.

 

Le parcours exigeant du tennis

Le tennis est un sport où, très tôt, les enfants se retrouvent face à des situations inédites : battre un adversaire tout en maîtrisant ses émotions, surmonter les pressions extérieures et passer outre les intimidations des parents ou coachs. Vers 12-14 ans, le talent inné ne suffit plus ; il faut intensifier les entraînements, affronter des adversaires plus expérimentés, renforcer son physique, et participer à des tournois adultes, souvent au prix de sacrifices familiaux importants.

 

Les défis et les sacrifices

Vers 15-16 ans, beaucoup abandonnent leur rêve face à des obstacles ou des contraintes. Les choix éducatifs deviennent cruciaux : parcours classique, sport-études ou académies spécialisées. L’objectif ultime ? Devenir professionnel ou décrocher une bourse d’étude aux États-Unis, où le classement de tennis détermine le niveau académique et sportif de l’université, ainsi que la bourse. À 18 ans, réussir signifie souvent quitter son environnement familier pour découvrir un nouveau monde.

 

Les talents cachés derrière un CV

Comme indiqué précédemment, aux États-Unis, exceller dans un sport est extrêmement valorisé. Les championnats universitaires (NCAA) sont très médiatisés, attirant de nombreux jeunes sportifs étrangers. Léon Marchand en est un exemple médiatique actuel, mais il y en a bien d’autres, comme Arthur Rinderknech ou Rudy Gobert.

Exceller en sport, musique, théâtre ou aux échecs n’est pas qu’un loisir. Ces activités révèlent des individus uniques, forgés par des parcours semés d’embûches et riches en soft skills, que de nombreuses entreprises trouveraient séduisants. Peu importe le résultat final, c’est souvent le parcours emprunté, et non la destination, qui compte le plus.

 

Vers un recrutement différent

Il est temps de recruter différemment, de dépasser les préjugés basés sur le prestige et de découvrir les talents cachés autour de nous. Puisque le CV demeure (pour le moment) encore la norme, il est essentiel de savoir lire et décrypter un CV. Dépassons le CV pour qu’il ne soit plus un catalogue de destinations accomplies mais pour que transpire le chemin parcouru. Une simple ligne peut dévoiler beaucoup plus de choses qu’il n’y paraît.

 

Et vous, l’auriez-vous recruté ce candidat ?

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