L’essor du freelancing : une nouvelle ère

Le futur du travail, nous y sommes déjà : focus sur le freelancing

 

Les changements radicaux qui façonnent le monde du travail ne se produisent pas du jour au lendemain. L’IA a fait son entrée dans nos vies, le télétravail est devenu la norme, les réglementations évoluent à un rythme soutenu, et la Génération Z s’apprête à redéfinir le paysage professionnel. Au milieu de cette révolution silencieuse, de cette lame de fond du progrès, le freelancing émerge comme un pilier central, offrant une alternative aux modes de travail traditionnels.

 

La diversification des parcours professionnels

 

Nous voyons déjà une diversification des parcours professionnels qui s’éloignent de l’ascension hiérarchique classique pour emprunter des chemins plus sinueux, plus exploratoires.

Les carrières deviennent moins linéaires, les collaborateurs souhaitent être polyvalents, s’investir dans une multitude de tâches, et acquérir des compétences variées. L’idée même de “carrière” est remise en question : ce n’est plus seulement une question de gravir les échelons, mais de construire un parcours riche, multidimensionnel, d’apprendre et donner un sens à ce qu’on fait.

 

En parallèle, les organigrammes des entreprises évoluent. On observe un aplatissement de leur structure. Les silos se brisent, et le rôle du middle manager doit se réinventer. Ce dernier doit devenir un facilitateur, un catalyseur de talents, capable de naviguer dans l’incertitude et de coordonner des équipes fluides et transversales. Il doit parfois faire le tampon entre le TOP de l’entreprise et les collaborateurs, parfois revendicateurs ou exigeants.

Une fonction qui, au lieu de disparaître, se complexifie et gagne en profondeur.

 

Accumuler de l’expérience ne signifie plus seulement gravir les échelons d’une entreprise, mais bien souvent explorer différents domaines, tester de nouvelles voies, se réinventer. On est en quête de sens, d’un impact tangible.

L’ère d’un changement de paradigme est bien là.

 

Le CDI, un modèle en déclin ?

 

Autrefois perçu comme le Saint Graal, le CDI (Contrat à Durée Indéterminée) n’est plus la destination ultime pour beaucoup. L’émergence de l’économie des “gigs” (petits boulots) et du freelancing remet en question le statu quo. Cela ne signifie pas pour autant la mort du CDI ni une précarisation généralisée.

 

Ne basculons pas d’un extrême à l’autre. Cependant, il est clair que la tendance est à une plus grande autonomie et à une responsabilité accrue et un détachement vis-à-vis des grosses structures. La tendance est lente, mais bien présente.

 

L’entreprise paternaliste et protectrice de nos parents ou grands-parents a disparu. La génération qui arrive a vu, parfois de près, les difficultés de leurs parents après un licenciement brutal, une mutation imposée ou une mise à l’écart, malgré 20 ou 30 ans de dévouement à la même entreprise. Ce modèle n’a plus de quoi faire rêver les jeunes. Ou si ?

 

Aujourd’hui, chaque individu doit tracer sa propre voie, trouver son propre équilibre entre travail et vie personnelle.

 

La sécurité de l’emploi se redéfinit ; elle n’est plus dans la permanence d’un poste, mais dans la capacité à s’adapter, à se former, à évoluer. Cette notion semble importante.

 

Pourquoi cette transformation ?

 

Le travail à distance : Le COVID-19 a été un accélérateur du télétravail, notamment dans les secteurs du marketing, de la communication, du design, ou encore du développement informatique. Les barrières géographiques s’effacent, et avec elles, la nécessité d’une présence physique constante dans les bureaux. Les entreprises ont réalisé qu’elles pouvaient fonctionner efficacement à distance, ce qui ouvre la porte à une collaboration plus flexible et décentralisée. Ce modèle évoluera encore mais les tendances sont là.

 

Un monde VUCA : Les entreprises opèrent désormais dans un environnement VUCA (Volatile, Incertain, Complexe, Ambigu). Elles doivent s’adapter rapidement aux changements, innover en permanence et trouver des solutions créatives pour rester compétitives. Le modèle classique d’emploi à long terme, avec des tâches figées et des hiérarchies rigides, ne correspond plus à cette nouvelle réalité.

 

La Génération Z : on l’a vu, les jeunes travailleurs de la Génération Z arrivent sur le marché avec des attentes et des ambitions différentes. Ils sont pluri-tâches, curieux, ultra-connectés et agiles avec les nouveaux outils, et cherchent à cumuler plusieurs types d’emplois.

 

Ils sont attirés par des missions stimulantes, des projets à impact, plutôt que par des fonctions statiques. Ils souhaitent apprendre, se développer et être acteurs de leur parcours professionnel. Difficile de trouver toujours cela dans une seule entreprise.

 

 

 

Le freelancing : une montée en puissance

 

Un freelance, c’est un travailleur indépendant sans contrat de travail à long terme, qui réalise son métier sous la forme de missions temporaires. En France, leur nombre a doublé en 10 ans pour atteindre plus de 1 million aujourd’hui, et les projections estiment qu’ils seront 1,5 million en 2030. La progression est impressionnante ????, et si les freelances ne constituent pas encore la majorité des travailleurs, l’écosystème tend de plus en plus à favoriser ce mode de travail.

 

Quelques chiffres (source : independant.io) en 2024 (en France) :

 

• 57 % sont des hommes

• 49 % ont entre 25 et 35 ans, un chiffre en augmentation

• 84 % ont un bac +3, même si cela pourrait se démocratiser à l’avenir

• 59 % travaillent depuis chez eux

• 86 % ont moins de 3 ans d’ancienneté

• 93 % ont été salariés avant de se lancer

• Et surtout, 50 % des salariés souhaitent devenir freelance dans les 3 ans

 

Il y a une véritable lame de fond en mouvement. Cette transformation n’est pas à sens unique. Les entreprises aussi s’adaptent, y voyant un moyen de gérer les pics de charge de travail, de convertir des coûts fixes en coûts variables, de trouver rapidement l’expertise requise, ou encore de contourner un code du travail parfois contraignant. Elles ont adopté des modèles d’emploi plus flexibles, où les contrats à durée déterminée, les missions freelance et les projets temporaires sont devenus monnaie courante.

 

 

Cette tendance ne se contente pas de modifier les statuts des travailleurs. Elle va remodeler en profondeur le fonctionnement même des entreprises : les bureaux deviennent plus flexibles, les procédures bureaucratiques sont simplifiées, les prises de décision se veulent plus agiles, et les collaborations s’adaptent à un monde où l’autonomie individuelle est centrale.

 

 

Devenir son Propre Produit

 

Dans ce futur du travail, chaque individu est son propre produit, son propre service.

 

Le “personal branding” devient un impératif. Les réseaux sociaux s’imposent comme des vitrines professionnelles, et l’IA vient faciliter la création de contenu. Chaque freelance doit se positionner, se vendre, se démarquer dans un marché concurrentiel. Le CV augmenté, il était temps.

 

Trouver un emploi, une mission, vendre des services, gérer l’ensemble de son écosystème professionnel : tout repose sur la capacité à se promouvoir, à être visible, à rester pertinent. Cela nécessite une compréhension aiguë de son marché, de ses compétences, et une maîtrise des outils pour maintenir une trajectoire professionnelle solide. Et de comprendre les enjeux du futur.

 

 

Les Défis et Solutions pour les Freelances

 

MAIS… Aussi autonomes et proactifs qu’ils soient, les freelances ont besoin d’un cadre, d’un soutien. Ils doivent pouvoir bénéficier d’une continuité dans leur retraite, avoir accès aux soins, vaincre l’isolement, et pouvoir financer leurs projets personnels, comme emprunter sans CDI.

 

La société doit évoluer pour ne pas laisser ces travailleurs isolés dans une autonomie forcée. Elle doit comprendre que ce nouveau mode sera la norme car sur le papier il peut encore paraître plus sécurisant de louer son appartement à un employé des services publiques qu’un Freelancer.

 

Le freelancing se développe, certes, car il est soutenu par de nombreux acteurs du système, mais il nécessite encore des ajustements pour être durable. A quand un véritable changement de fond ?

 

 

 

Les freelances doivent souvent gérer tout ce qui était auparavant couvert par le salariat. Les solutions existent, mais elles restent parfois peu accessibles ou mal intégrées. Pourtant, des initiatives émergent, des associations, des start-ups, et des individus agissent déjà pour améliorer la situation.

 

 

Voici quelques solutions existantes :

 

• Assurance Santé et Prévoyance : Des solutions existent chez les assureurs et via la Sécurité Sociale des Indépendants (SSI), offrant une certaine sécurité aux freelances. Mais les garanties moins avantageuses que celles des salariés ?

 

• Retraite et Épargne : Le régime social des indépendants a été mis en place, et des solutions d’épargne privée sont disponibles. Cependant, il reste un défi de taille : sensibiliser et inciter les freelances à prévoir leur retraite, à anticiper leur avenir financier dans un monde où l’emploi est précaire ou peut le devenir.

 

• Formation Continue : Avec des plateformes comme Coursera ou encore des organismes de formation professionnelle, les freelances ont accès à des ressources pour développer leurs compétences. Mais savoir quelles compétences développer, comprendre les tendances du marché, et s’auto-former demandent curiosité, initiative, et parfois un coaching personnalisé. Ey surtout un sacrée volonté.

 

• Quantifier ses Soft Skills : Les soft skills sont devenus un élément clé du succès professionnel. Identifier et valoriser ces compétences, savoir les communiquer et les utiliser comme un atout sur le marché, est essentiel pour tout freelance. Il faut apprendre à se vendre, à se positionner, à prouver sa valeur. Ce que fairception propose justement.

 

• Vaincre la Solitude : Travailler en freelance peut être solitaire. Les réseaux professionnels et des plateformes proposent des événements de networking et de soutien, permettant aux freelances de se retrouver, d’échanger, de se créer un réseau.

 

• Bien-être Mental et Physique : La pression de la performance, un client compliqué, l’incertitude constante, l’équilibre vie professionnelle-vie personnelle… Les freelances sont soumis aussi à un stress particulier. Des initiatives pour soutenir leur bien-être, comme des séances de coaching, des groupes de soutien se développent et devraient se démocratiser rapidement.

 

Le freelancing n’est pas une simple tendance, mais une réalité durable qui redéfinit le monde du travail.

Pour garantir un avenir serein à cette nouvelle génération de travailleurs indépendants, il est essentiel que le cadre sociétal et les structures de soutien évoluent.

 

La transformation est en marche, mais il reste encore du chemin à parcourir pour assurer que chacun puisse complètement s’épanouir dans ce nouvel écosystème professionnel.