’où vient la niaque ?

17 sept. 2025
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Tout le monde en parle. Souvent personne ne sait l’écrire. Rarement on la définit. La ‘niaque’ est ce mélange d’obstination et d’énergie qui fait qu’on continue, alors que tout invite à s’arrêter. Elle fascine autant qu’elle interroge : est-ce un pur don réservé à quelques élus, ou une ressource que chacun peut cultiver ?

La motivation est souvent décrite comme une étincelle. Un boost passager, vite consumé. La niaque, elle, est plus têtue. Elle survit à l’ennui, à l’échec, au découragement. Elle traverse les jours, les semaines, les mois parfois. Elle fait courir l’athlète quand le stade est vide. Elle pousse l’entrepreneur à retravailler son pitch après trois refus, ou à croire en son produit quand personne n’en veut encore. Elle maintient l’étudiant éveillé à minuit quand le cerveau voudrait dormir. Elle aide un ultra trailer à courir pendant plus de 40h parfois.

Cette niaque, si on l’admire, c’est parce qu’elle ne tombe pas du ciel.

 

Du sens, du plaisir et le regard des autres

Trois racines nourrissent la niaque. D’abord le sens : quand ce qu’on fait résonne, quand l’effort a une valeur au-delà de lui-même, un sens. Ensuite le plaisir : certains trouvent une joie réelle dans la difficulté, comme si chaque obstacle devenait un jeu. Une obstination devant l’échec. Enfin, le regard des autres : une remarque, un encouragement, une reconnaissance, parfois suffisent à tenir plus longtemps que prévu.

 

La niaque ne naît pas toujours dans la lumière des encouragements. Elle prend parfois racine dans l’ombre, dans ces épreuves que l’on n’a pas choisies. Une enfance marquée par la précarité, un échec humiliant, une injustice subie. Chaque coup encaissé devient alors une forme d’entraînement invisible. Comme si la vie, en retirant certains conforts, obligeait à inventer une énergie de combat.

C’est le grand paradoxe : l’adversité en brise certains, mais elle trempe l’acier des autres. Celui qui a grandi dans un environnement contraint a souvent appris à se battre sans manuel, sans plan B. Cette expérience précoce ne rend pas la souffrance enviable, mais elle explique pourquoi certains semblent « programmés » pour tenir plus longtemps que les autres. A comprendre que rien n’est perdu.

Il faut aussi rappeler une vérité inconfortable : nous ne partons pas tous avec les mêmes armes. Certains héritent de sécurité et de stabilité, d’autres d’obstacles et de cicatrices. Mais quand on parvient à transformer ces cicatrices en moteur, la détermination qui en découle devient redoutable. Chaque difficulté franchie n’ajoute pas seulement une ligne à l’histoire personnelle : elle forge une conviction intime que rien ne sera impossible à dépasser.

Un exemple frappant : Courtney Dauwalter, surnommée la « queen » du trail. Lors du dernier UTMB, elle a fasciné le monde entier par sa volonté inébranlable de continuer malgré tous les voyants au rouge. Beaucoup d’élites abandonnent dès que la victoire leur échappe. Elle non. Pour elle, chaque kilomètre supplémentaire est une exploration de la fameuse « pain cave », cet espace mental où tout est douleur mais où chaque minute passée renforce l’esprit. La niaque se construit avec le temps, plus redoutable chaque jour.

L’adversité ne fabrique pas automatiquement des champions. Mais chez certains, elle devient ce carburant inépuisable, cette rage tranquille qui alimente la niaque et la rend indestructible.

 

Faut-il vraiment ne jamais lâcher ?

On a tous entendu le slogan « never ever give up ». Il trône sur les mugs, dans les salles de sport, sur LinkedIn. Il sonne bien, il inspire. Mais il peut aussi enfermer. Car glorifier la persévérance absolue, c’est oublier une évidence : tout n’est pas fait pour durer.

Un projet peut être bancal dès le départ. Une relation professionnelle ou personnelle peut être toxique. Une entreprise peut être condamnée par son modèle économique. Dans ces cas-là, persévérer n’est pas une preuve de force, mais un refus de voir la réalité.

Prenons l’exemple du sport. On admire l’athlète qui joue malgré la douleur. Mais combien ont sacrifié leur carrière, et parfois leur santé, pour avoir voulu ‘serrer les dents’ une fois de trop ? Derrière l’image du guerrier se cache souvent un avenir brisé. Les médecins du sport le répètent : savoir s’arrêter à temps, c’est aussi de la discipline.

Au travail, c’est pareil. On vante le collaborateur qui ‘ne lâche rien’, qui enchaîne les heures, qui prend toujours un dossier de plus. Mais derrière ce portrait héroïque, il y a parfois un salarié en burn-out, incapable de reconnaître qu’il est à bout. Là encore, la ténacité n’est pas vertu, mais déni.

La vraie force, c’est peut-être de faire ce que l’on redoute : admettre qu’il faut réorienter son énergie. Décider qu’une bataille n’en vaut pas ou plus la peine. Dire non à un projet séduisant mais destructeur. Lâcher, non pas par faiblesse, mais par lucidité.

C’est un paradoxe : on admire ceux qui tiennent, mais on devrait aussi admirer ceux qui savent renoncer. L’un demande du courage physique, l’autre du courage mental. Et bien souvent, le second est plus rare.

 

Disziplin, disziplin

On oublie souvent l’aspect le plus banal : la discipline. La niaque ne ressemble pas toujours à une victoire spectaculaire.

Elle se cache dans des gestes minuscules, répétés encore et encore, même les jours sans envie. La routine, advancer coûte que coûte.

Reprendre ses gammes au piano quand la progression paraît invisible. Retourner à la salle de sport un mardi pluvieux, sans objectif précis, juste pour ne pas rompre la chaîne. Allez courir quand ton cerveau te supplie de rester au chaud.

C’est souvent là que se joue la vraie différence entre ceux qui avancent encore et ceux qui s’arrêtent. Pas dans une explosion de volonté, mais dans la constance de petits pas. La discipline, c’est la niaque en mode silencieux : pas de spectacle, pas d’applaudissements, juste la certitude qu’à force de persévérer, on finit par se transformer.

 

Une énergie profondément collective

On raconte souvent la niaque comme une affaire de volonté solitaire. L’image du héros qui se bat seul contre l’adversité séduit, mais elle est trompeuse. La réalité est plus nuancée : derrière chaque persévérance, il y a presque toujours des soutiens, des regards, des liens invisibles qui nourrissent la force intérieure.

Un mot d’encouragement, un coach qui croit en vous, un ami qui vous rappelle pourquoi vous avez commencé, une équipe qui compte sur vous. Ces petites présences sont des carburants discrets, mais essentiels. Même les figures les plus admirées avouent qu’elles n’auraient pas tenu sans ce filet collectif. C’est d’ailleurs l’origine du concept de résilience.

La niaque n’est donc pas une essence mystérieuse réservée à quelques élus au mental d’acier. Elle ressemble davantage à une alchimie : un peu d’adversité pour forger la résistance, un peu de discipline pour créer l’élan, beaucoup de sens pour donner une direction, et surtout, des liens humains pour maintenir le cap.

La niaque, au fond, n’est pas l’histoire d’un individu contre le monde, mais celle d’individus qui trouvent leur force grâce au monde autour d’eux.

 

Te dépasser, tu sauras.

La vraie question n’est pas ‘ai-je la niaque ? ‘, mais ‘d’où vient la mienne ? ‘. Chercher à comprendre ce qui nous pousse, ce qui nous relève, ce qui nous fait tenir. Et surtout, entretenir ces racines au quotidien plutôt qu’attendre une étincelle magique qui ne viendra peut-être jamais.

Et dans le monde du travail ? C’est encore plus flagrant. La niaque est aussi cruciale qu’invisible. Vous ne la verrez pas dans un diplôme, ni dans une ligne d’expérience, ni dans une avalanche de mots-clés savamment calibrés pour un CV. Pourtant, c’est elle qui fait la différence.

C’est ce candidat qui sait repousser ses limites sans se plaindre. Celui pour qui « non » n’est pas une fin mais un point de départ. Celui qui croit au projet quand d’autres doutent, et qui sait embarquer une équipe pour déplacer des montagnes.

Ce trait-là, vous ne le lirez pas dans un document Word formaté. Mais vous le ressentirez dans les témoignages, dans les regards des collègues, dans les histoires racontées par ceux qui l’ont vu en action.

C’est exactement ce que fairception met en lumière. Chez nous, on appelle ça la détermination. Et quand elle apparaît dans le top 3, ou même le top 6 d’un profil, vous pouvez être sûr d’une chose : cette personne ne se contentera pas de traverser les obstacles. Elle trouvera comment les transformer en marches pour aller plus haut.

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